La vallée de Manang

A la fin de l'hiver dernier (20 février au 20 mars), nous avons randonné dans la région de l'Annapurna. Notre objectif principal était le Mustang, un ancien royaume tibétain situé au Nord de la chaîne principale de l'Himalaya. Le trajet pour s'y rendre peut être raccourci en prenant l'avion jusqu'au petit aéroport de montagne de Jomosom (que nous utiliserons au retour), mais nous avions le temps de traverser la chaîne à pied, en suivant une partie du "tour des Annapurnas", une belle introduction!

Notre itinéraire de trek est surligné en bleu sur la carte ci-dessous:

 

 Après une journée de route depuis Kathmandu, nous faisons étape à Bandipur, un village d'architecture traditionnelle newari bien conservé.


Nous sommes logés dans un joli petit bungalow,

d'où nous profitons du lever de soleil sur une partie de la chaîne des Annapurnas (Annapurna II, 7937m, à gauche de la photo).

Nous allons contourner ce massif en remontant les gorges de la rivière Marsyangdi,

 d'abord en 4X4, par une piste récente pas trop rassurante,

puis à pied, en retrouvant avec plaisir les équipements traditionnels de la montagne népalaise.

Au milieu des gorges, à près de 3000m d'altitude, quelques hectares relativement plats ont trouvé une utilisation inattendue: un verger de pommiers.

Les pommes sont transformées sur place en cidre (très doux) et en "apple brandy" (=calva; très bon!).

Le propriétaire a fait construire un lodge à côté du verger et de la cidrerie, où nous passons la nuit.

Ce lodge est franchement luxueux, à un détail près: pas plus de chauffage que dans les refuges plus modestes (4°C dans la chambre au lever du soleil...)

Il offre même à Christophe de quoi jouer à son jeu favori (mais pas d'adversaire. Par contre notre guide Ngawang pourra se mesurer à un local à la table de billard).

Le lendemain, après une heure de montée réfrigérante dans l'ombre,

nous sortons des gorges et retrouvons le soleil

et l'Annapurna II dont nous admirons maintenant la face nord, deux jours après avoir vu le soleil se lever sur sa face sud.

Nous sommes maintenant à 3500m et traversons des villages d'architecture tibétaine traditionnelle, comme Ghyabru,

ou Braga, dominé par son monastère.

Ce monastère du XVeme siècle ne compte plus qu'un moine-gardien, qui retarde gentiment sa pause déjeuner pour nous permettre de visiter l'intérieur et d'admirer ses impressionnantes statues:



Les deux statues suivantes représentent le poète tibétain Milarepa, qui aurait médité dans les environs, et est en général représenté la main derrière l'oreille.

Une petite heure de marche après le monastère, nous arrivons au village principal de la vallée, Manang, dont l'entrée est marquée par un grand chorten.

 Le vieux village a conservé d'impressionnantes murailles.

Il est curieusement séparé du nouveau quartier des lodges pour touristes, à l'architecture moins intéressante, par une grande place réservée aux habitants à quatre pattes.

Notre lodge n'a certes pas d'intérêt architectural, mais son propriétaire est un remarquable photographe animalier, qui a placé plusieurs dizaines de caméras fixes à déclenchement automatique dans les montagnes environnantes et a ainsi pu filmer le félin vedette de la région,

et son petit cousin.

Le soir, il nous a montré ses films et ceux-ci sont plus spectaculaires que celui réalisé au Tibet chinois sur la base du livre d'un écrivain bien connu. Nous avons ainsi vu un couple de léopards des neiges ainsi qu'une mère avec ses petits. Notre hôte évalue à 25-30 le nombre de léopards des neiges (Panthera uncia) dans la vallée de Manang, sans compter les léopards communs (Panthera panthera), également présents dans le secteur. Quant au chat de Pallas, les photos de notre hôte sont les premières prises au Népal. Jusque là, on pensait que son aire de répartition se limitait à l'Asie centrale et à la Mongolie.

Le lendemain matin, nous continuons à remonter la vallée et parvenons au confluent entre le torrent issu du lac Tilicho (à gauche) et celui qui vient du Thorong La, le col conduisant au Mustang (à droite). Nous allons suivre successivement les deux branches, en commençant par celle du lac.

Peu après le confluent, nous atteignons le dernier village de la vallée, Khangsar, et son monastère, caché dans un repli de terrain à 3900m d'altitude.

Après ce monastère, les seules constructions sont des lodges pour touristes, comme le "camp de base" du lac Tilicho. 

Le séchage du linge en hiver à plus de 4000m est assez particulier: d'abord le vêtement gèle, puis il perd son humidité et enfin se transforme en un morceau de carton bien sec, qui revient ensuite, après manipulation, à sa forme initiale de tissu souple.

Alors que jusque là, le ciel était assez couvert, la météo nous sourit à l'approche de la haute montagne.

Juste avant le camp de base, le sentier traverse un versant érodé qui contraste avec les murs de glace en arrière plan.

 

 Au delà du camp de base, il faut chausser les crampons

 Le sommet triangulaire qui domine le secteur est le Khangsar Kang (7485m), appelé "Roc Noir" dans "Annapurna premier 8000". Il sépare la "Grande barrière" (le mur de glace au dessus de nous) du chaînon de l'Annapurna I (8091m), invisible depuis notre vallée et que nous ne découvrirons que depuis le Mustang, avec un recul de plus de 50kms.

Après une bonne montée,


nous arrivons sur un plateau enneigé,

au bout duquel nous découvrons le lac Tilicho, bien gardé par Bouddha (à gauche) et Vishnou (à droite)

C'est l'un des plus grands lacs de haute altitude au monde (5km2 à 5000m). Il ne figurait pourtant pas sur les cartes avant l'expédition française de 1950, qui l'a "découvert" en cherchant un passage vers l'Annapurna.

Notre guide Ngawang et nos deux porteurs Nuri et Gelu devant le lac.

Après être revenu au camp de base, nous redescendons la vallée le lendemain matin, sous un beau soleil qui nous permet de jeter un dernier regard  à la "Grande barrière" de glace qui domine le lac Tilicho,

et débouchons en début d'après-midi au dessus de la vallée qui vient du Thorong La, que nous allons remonter jusqu'au col.

A ce moment là, il fait encore beau, mais Ngawang nous prévient que de la neige est annoncée et qu'il faudra passer le col tôt le lendemain matin, et donc atteindre dès ce soir le camp de base du col, tout au fond de la vallée, au lieu de dormir dans le premier village comme initialement prévu. A l'arrivée à ce village, les genoux de Françoise disent stop, mais Ngawang trouve une solution.



La cavalière arrivera au camp de base juste avant la tombée de la nuit et Christophe, qui a continué à pied avec Ngawang, une demi-heure après.

Le lendemain matin, nous montons au col sous un ciel blanc.

Près du chemin, nous rencontrons des habitants peu farouches (coqs de l'Himalaya, Tetraogallus himalayensis).

 

Et nous voilà au col (5416m), qui sépare les bassins supérieurs de la Marsyangdi (vallée de Manang) et de la Kali Gadanki (Mustang).

Il commence à neiger dès le début de la descente, et 1600m plus bas, arrivés au village de Muktinath, il neige toujours et cela continuera toute la journée du lendemain, journée de repos forcé (la photo du village ci-dessous est prise le surlendemain). Ngawang a bien fait de nous imposer une double étape la veille, car beaucoup de touristes se sont retrouvés coincés plusieurs jours au camp de base.





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